Et si vous deviez engager une démarche de discernement communautaire dans votre paroisse ?
« La synodalité commencera en paroisse ou elle ne sera pas »
Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg, Rapporteur général du synode des évêques
Notre-Dame d'Arlon, 15 novembre 2023
5 points d'appui pour engager un processus en paroisse
Vous souhaiteriez que votre paroisse s'engage dans une démarche de discernement communautaire. Que vous soyez le curé de la paroisse, une membre de l'EAP, ou un membre de la communauté sans responsabilité particulière, voici 5 ingrédients sur lesquels il vous faut travailler.
Et bien sûr sans oublier de confier tout cela à l'Esprit Saint qui agit en tout temps et en tout lieu.


L'engagement du curé et de l'EAP
Le curé et l'EAP sont les instances décisionnaires dans la paroisse. Ils sont responsables de convoquer la communauté pour un temps de discernement communautaire.
Comment leur donner envie d'engager une telle démarche ? Comment lever les craintes que celle-ci pourrait susciter ?
La lecture du Document final du synode (particulièrement les chapitres I et III) constitue un préalable. L'échange avec des personnes ayant conduit ce type de démarche dans d'autres paroisses peut être aussi utile.
Une question à soumettre au discernement
Pas de processus de discernement s'il n'y a pas une question sur laquelle un discernement est nécessaire.
La question des priorités pastorales, qui doit être régulièrement posée en paroisse, peut être la plus naturelle et la plus générique. Mais il peut y avoir des questions plus spécifiques en fonction du contexte.
Des facilitateurs et facilitatrices formés
Si le choix est fait d'animer les temps collectifs avec la Conversation dans l'Esprit, il est nécessaire de disposer de faciliteurs et facilitatrices formées.
Peut-être y en a-t-il déjà dans votre environnement, au niveau de votre diocèse par exemple. Dans le cas contraire, il faut trouver des personnes qui ont déjà faciliter et qui sont en capacité de transmettre leur savoir-faire. Ces personnes peuvent être dans votre paroisse, dans votre diocèse ou au-delà.
Des formations de facilitateurs et facilitatrices seront sans doute progressivement proposées. A suivre...
Une équipe projet
La conception et la mise en oeuvre d'un processus de discernement communautaire représentent un travail important, et donc des personnes qui s'en occupent.
De plus, le dialogue entre les instances de décision (curé et EAP) et une équipe projet peut contribuer à la qualité des décisions qui sont prises sur la manière de conduire le processus.
Une personne externe en vis-à-vis
La dynamique de discernement communautaire est un processus qui apporte beaucoup de joie. Mais il est aussi exigeant, et il conduit à modifier la manière dont chacun exerce son rôle au sein de la paroisse, ce qui peut inquiéter.
Le rôle d'une personne externe à la paroisse est de pouvoir apporter l'expérience de démarche similaire et de partager la manière dont les difficultés rencontrées ont été résolues. Il favorisera ainsi un engagement confiant de chacun et chacune dans ce qui se met en place.
Il peut s'agir d'une personne en responsabilité au niveau du diocèse ou de quelqu'un qui a déjà conduit un processus similaire dans une autre paroisse.
Quelques points d'attention
Cette section sera enrichie à partir des questions qui seront posées sur ce site
Ne pas reculer devant le niveau d'exigence requis par une démarche de discernement communautaire
La mise en oeuvre d'un discernement communautaire dans le cadre proposé par le Document final du synode appelle des manières de faire assez différentes de celles qui sont en vigueur dans la plupart des communautés paroissiales. Le risque peut donc exister de dire que l'on s'inscrit dans la mise en oeuvre du Document final, mais sans en prendre vraiment les moyens. En particulier, il pourra y avoir des résistances à accepter les changement que cela implique dans la manière dont chacune et chacun exerce son rôle, notamment ceux qui sont en situation de responsabilité.
De plus, une démarche de discernement communautaire exige du temps et de la durée. L'enchaînement des différentes étapes de la démarche doit s'inscrire dans la durée ; une durée qui est nécessaire à la maturation sous la conduite de l'Esprit Saint. Il faut également du temps pour chercher à écouter ceux qui le plus souvent n'ont pas voix au chapitre. Du temps sera également demandé aux personnes qui participent aux différents temps de discernement, ainsi qu'aux facilitateurs et facilitatrices, notamment s'ils ont besoin d'être formés.
C'est le rôle de l'équipe projet de porter cette exigence et à être attentif aux demandes qui conduiraient à en revenir aux pratiques habituelles : temps contraint pour une conversation dans l'Esprit lors d'une assemblée paroissiale ; remplacement de la formation des facilitateurs et facilitatrices par une simple sensibilisation... L'énergie nécessaire pour tenir le cap peut être importante.
Si le niveau d'exigence n'est pas tenu, le risque est de décridibiliser la démarche proposée par le Document final. Les membres de la communauté pourraient dire : " C'est comme avant ", faute d'avoir goûter la joie qu'il y a à se mettre en communauté à l'écoute de " ce que l'Esprit dit aux églises " (Ap. 2, 7).
La constitution de l'équipe projet est particulièrement importante
Allier diversité et efficacité
Un des enjeux d'une démarche de discernement communautaire étant de rejoindre ceux qui le plus souvent n'ont pas voix au chapitre, il est important que l'équipe projet porte cette préoccupation dans sa constitution même. C'est pour cela qu'il faut qu'elle soit suffisamment diverse.
Mais il faut aussi pouvoir faire avancer un projet aux dimensions multiples et avec des échéances importantes.
L'équilibre entre ces deux dimensions est délicat et ne sera jamais complètement satisfaisant, ce qui en soit est un bon signe.
Tenir dans la durée et face aux résistances
Compte-tenu des changements que les démarches de discernement communautaires sont susceptibles d'introduire dans le fonctionnement des communautés, les membres de l'équipe projet doivent être préparés à faire face à des résistances. Il faudra parfois savoir dire “ non ” ; à d'autres moments, il faudra savoir trouver des points d'équilibre en tenant l'essentiel pour le faire rentrer dans les attentes des responsables de la communauté.
L'élaboration de la question doit être soignée
Les démarches de discernement communautaires visent à répondre à une question. Dès le début, il faut donc pouvoir dire : " Quelle décision voulons-nous prendre à l'issue de notre démarche ? ". La décision à prendre constituant le noyau central de la question soumise au discernement, elle pourra être complétée par des éléments de contexte ou d'autres qui décrivent des finalités.
Une fois la question de l'ensemble de la démarché établie, il faudra la décliner pour chacune des étapes du discernement.
=> Voir comment nous avons emboité les questions des différents temps
=> Dans une autre paroisse, l'équipe d'animation paroissiale a travaillé sur la question suivante : Être pèlerins d’espérance : à quoi cela peut-il correspondre aujourd’hui dans notre monde ?
Liste des points d'attention mentionnés dans le site :
Prendre en compte la difficulté à donner une place à ceux qui ont le moins voix au chapitre
Pourquoi la durée de la conversation dans l'Esprit est-elle nécessairement longue ?
Est-il possible de faire une pause entre les différents temps de la conversation dans l'Esprit ?
Les facilitateurs et facilitatrices peuvent-ils être en même temps participants à leur table ?
Les facilitateurs et facilitatrices peuvent-ils être membres de la communauté ?
